Les PARLE aux ateliers de la pensée du 22 juillet

Les Ateliers de la pensée du mercredi 22 juillet

Art et travail-Le geste

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Invités : Christine Castejon, philosophe, analyste du travail et membre du bureau de la Société Internationale d’ergologie.

Vincent Puig, praticien des relations culture, recherche et industrie depuis 1933. Directeur de la valorisation scientifique à l’Ircam. Il a fondé en 2008 l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou avec Bernard Stiegler.

Marie-Pierre Bouchaudry, chargée de mission auprès de l’agglomération Plaine Commune.

-Qu’ont en commun la créativité au travail et la création artistique ?

-Question peu récente qui a surtout été traité jusqu’à maintenant d’une manière théorique. On souhaite dans ce débat essayer de voir la nouveauté de cette question.

Christine : Mon travail de philosophe éclaire mon rôle de consultante. Le monde du travail aujourd’hui n’est plus dissocié du monde de la culture. En Avignon, je regarde les spectacles en tant que résultat d’un travail. La caractéristique du travail est qu’on réinvente tout le temps (réécriture, nouvelle mise en scène..). Notre démarche du mouvement ergologique est que quelques soient les apparences, on ne travaille jamais seul, on travaille avec ses compétences et ses incompétences, on n’est jamais passif.

Des nouveautés aujourd’hui? Pas vraiment des nouveautés mais ce dont on se rend compte seulement actuellement c’est que le travail a un contenu très profond.

Vincent : Dans le contexte numérique, on a rédigé PRODIS, un rapport à télécharger « Penser et agir ensemble » sur l’avenir du travail.
Qu’est ce qui est neuf ? L’automatisation et l’amateurat

L’automatisation touche tous les métiers dont les métiers de la culture, même chez les chercheurs on trouve l’automatisation de certaines taches. Certains mouvements revendiquent de ne pas utiliser les moyens numériques, pour moi ce n’est pas la solution, ce qu’il faut trouver ce sont comment intégrer ces nouvelles technologies dans la création.

Dans n’importe quel métier il y a des phases d’automatisation et de non automatisation, il faut se dépasser dans les phases d’automatisation, il faut improviser. Penser c’est improviser et le travail devient de la culture.

Il y a un enjeu politique dans chaque métier et il faut préserver cette liberté d’improvisation. D’où une revendication importante pour les travailleurs, avoir la capacité de prendre en main leur outil de travail, envisager l’Open Data, l’ouverture des codes informatiques pour ne pas être des automates.

L’amateurat : Réfléchir sur de nouvelles formes du web, réinventer le collectif au lieu de subir les GAFAT, les cinq plateformes du monopole, pour éviter de salarier les amateurs et bloquer leur créativité.
Marie-Pierre : Je suis une praticienne, je mets en place des pratiques artistiques sur les territoires selon des politiques culturelles. Je préfère parler de création sociale, c’est plus facile d’en parler aujourd’hui.
Auparavant, l‘artiste était coupé du monde du travail, maintenant beaucoup d’artistes sont dans la réalité de l’économie actuelle. Les artistes deviennent des entrepreneurs ( ????Jeff Koon…), les artistes décident de résider dans l’entreprise pour travailler avec les salariés. Les artistes sont partie prenant du processus de l’entreprise.
Prenons l‘exemple de Nicolas Frize qui associe à ses concerts des amateurs. Il existe un territoire de la culture et de la création, l’idée est de mettre un grain de sable dans les rouages avec des artistes dans ce processus créatif et d’y associer les habitants.
Gilbert Conil, agent EDF : Quand est ce qu’on va être capable de donner aux travailleurs les clés du camion ? Même si je reste admiratif de la CCAS, j’aimerais mettre au débat la question de l’œuvre. Le « beau » que fabrique le travailleur est complètement ignoré. Il faut remettre l’émotion à sa place, le travail doit être le travail de l’émotion. Il faut refaire de l’éducation, réapprendre ensemble. Il faut faire la révolution entre les CE et les travailleurs, les CE doivent devenir les spécialistes de l’échange avec les travailleurs. Nous, les travailleurs voulons être des cuisiniers !

Bernard, retraité EDF : Comment se fait aujourd’hui cette représentation de la visibilité du travail ?

Vincent répond à Gilbert: On assiste à une inversion de ce que vous décrivez, comment un ouvrier dans son travail va rencontrer l’art ? L’art au travail c’est trouver du beau dans un objet technique mais en y ajoutant un objet social (il faut des traces de l’humain)SIMONDO ????

Christine : Le souhait de réaliser une rencontre fonctionne quand les travailleurs eux-mêmes arrivent à dire qu’est ce qui est important pour eux.
Intervention dans le public : La CCAS offre une belle protection sociale mais actuellement dans notre société, le modèle économique n’est pas celui des travailleurs.

Marie-Pierre : Et quel est le travail de l’artiste qui ne produit pas un objet visible de la même manière ? C’est plus compliqué pour les professionnels de la culture à comprendre cela car même avec le budget des un pour cent patronal, ils veulent des représentations, qu’est ce que l’Art Contemporain ? Y a-t-il obligatoirement aboutissement d’un objet ? On a bien vu que d’autres formes de représentations artistiques existent lors de la biennale de Rennes avec les artistes en résidence dans les entreprises en 2008.C’est difficile pour certains de comprendre cette création, il faut qu’ils lâchent prise sur ce qui va être produit.

Gilbert : On peut voir depuis vingt ans une souffrance due au stress sur les conditions de travail évolutives avec l’implication de l’informatique La création démarre avec les mots qu’on utilise, il faut se faire écouter.
Vincent : Pour répondre au sujet des outils informatiques, une solution plus simples que d’avoir accès aux codes, c’est d’analyser le processus informatique, revoir le travail de catégorisation que fait l’ordinateur, reprendre la main et ne pas la laisser aux machines.
Les travailleurs doivent en premier se mettre d’accord. Comment arriver à faire que le collectif se créé avec un désir collectif ?
Pour conclure ce débat animé par Jean-Pierre Burdin, consultant art et travail et ancien conseiller à la politique culturelle de la CGT, on peut dire qu’on a touché du doigt que les chercheurs ne sont pas que des chercheurs et que tous les ouvriers peuvent faire partie de cette recherche.

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